La lauréate du « Prix pour la Paix 2008 » et un activiste des droits humains sévèrement attaqués par la police tunisienne
Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) condamne fermement l’agression et les mauvais traitements dont ont été victimes Sihem Bensedrine (porte parole du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT) et secrétaire générale de l’Observatoire pour la Liberté de Presse, d’Edition et de Création (OLPEC)) et Omar Mestiri (directeur de la rédaction de Kalima et membre du Groupe de travail du REMDH sur la liberté d’association), lundi 3 mars 2008.
S. Bensedrine et O. Mestiri ont été arrêtés à la douane du port de Tunis alors qu’ils rentraient d’un séjour en Europe. Leurs bagages, notamment leurs livres et documents personnels, ont été minutieusement fouillés, avant qu’un important groupe d’agents de la Sûreté de l’Etat intervienne et exige de voir le contenu de leurs ordinateurs portables. Suite à leur refus en l’absence d’un mandat du procureur de la République, les douaniers ont demandé à Mme Bensedrine et à M. Mestiri de les suivre dans un bureau, prétextant une formalité administrative. Une fois à l’intérieur, ils ont été séquestrés et sévèrement violentés par des agents de police, qui leur ont confisqué, avec brutalité, leurs ordinateurs et téléphones portables. Peu de temps après, ils ont été enjoints à une fouille corporelle et à de nouvelles violences qui ont gravement porté atteinte à leur intégrité physique et à leur intimité.
Après avoir été retenus pendant six heures, S. Bensedrine et O. Mestiri ont été autorisés à quitter la zone de douane, mais le contenu de leurs ordinateurs a été copié sur un disque dur externe et près d’une soixantaine de documents numériques saisis, sans remise d’un document officiel à cet effet comme cela est pourtant la règle. Mme Sihem Bensedrine a plusieurs hématomes sur le corps et souffre de lésions des ligaments au poignet gauche (entorse) et du coude.
Le REMDH exprime sa plus vive préoccupation sur le fait que cette agression fait suite de quelques jours au « Prix pour la Paix 2008 » décerné par la Fondation danoise pour la Paix (Fredsfonden) à Mme Sihem Bensedrine, et que des roughs du documentaire « Breaking the torture machine », réalisé par le CNLT et dénonçant la torture en Tunisie, ont été confisqués. Ces attaques touchent l’essence même de leur rôle et de leur combat en faveur des droits humains.
Le REMDH réaffirme sa solidarité avec S. Bensedrine et O. Mestiri ainsi qu’avec les défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie et appelle les autorités tunisiennes à :
Mettre un terme aux attaques à l’encontre des défenseurs de droits de l'Homme conformément aux dispositions de la déclaration de l’Assemblée Générale de l’ONU sur des défenseurs de droits de l'Homme du 9 décembre 1998 ;
Ouvrir sans délai une enquête indépendante sur ces violations graves des droits humains, dont les résultats devront être rendus publics et les auteurs sanctionnés.
Le REMDH invite également les organes de décisions de l’Union européenne à :
Faire respecter les engagements internationaux en matière de droits de l’Homme tels qu’exprimés dans la Déclaration de Barcelone à laquelle la Tunisie a souscrit ;
Assurer le respect de l’article 2 de l’accord d’association UE/Tunisie ainsi que les lignes directrices de l’Union européenne sur les défenseurs des droits de l’Homme.
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